Entre salaires mirobolants, départs en chaîne, et tensions au sommet, l’ascension fulgurante d’OpenAI se heurte aux défis d’une entreprise devenue un Minotaure. Le nouvel épisode de Silicon Carne plonge dans les dessous de la guerre interne qui fait rage chez OpenAI.
Depuis sa création, OpenAI fascine et inspire, tant pour ses avancées fulgurantes que pour ses défis internes. Cette semaine, nous plongeons dans les rouages d’une entreprise en pleine mutation, où le retour du co-fondateur Greg Brockman crée des tensions inédites, et où la fuite de talents devient un enjeu critique face à une concurrence de plus en plus agressive.
Le Retour du Roi : Greg Brockman
Le retour de Greg Brockman, co-fondateur d'OpenAI, est un événement qui ne passe pas inaperçu dans la Silicon Valley. Connu pour sa capacité à concevoir et coder des modèles parmi les plus avancés, comme GPT-4 et Strawberry, Brockman a laissé une empreinte indélébile dans l’ADN de l’entreprise. Cependant, il est aussi réputé pour ses méthodes de travail peu conventionnelles et souvent controversées.
Entre Innovation et Chaos
Brockman est un codeur hors pair, mais il a un style unique, parfois difficile à intégrer dans une organisation de la taille d’OpenAI. Sa réputation de travailler sans documenter correctement, et d’introduire des changements sans concertation, en fait un élément imprévisible au sein de l’équipe. Cette attitude, bien que pardonnable dans les premiers jours d'une start-up, devient un véritable casse-tête pour une entreprise où la collaboration est cruciale pour aligner des centaines d’équipes techniques.
Un Leadership Déstabilisé par les Tensions
Sam Altman, président d’OpenAI, a profité de l’absence de Brockman pour renforcer son contrôle sur les équipes techniques et stabiliser la direction stratégique. Cette période a permis à Altman de se positionner comme le leader incontesté, mais le retour de Brockman pourrait compromettre cet équilibre. On observe une dynamique qui rappelle celle des débuts de Google, où les co-fondateurs Sergey Brin et Larry Page ont dû apprendre à partager le leadership. Les exemples chez Uber et Meta montrent que les tensions entre personnalités peuvent freiner l’évolution d’une organisation.
Une Cohabitation sous Tension : Altman et Brockman, Deux Visions en Collision
Historiquement, Altman et Brockman ont joué des rôles complémentaires : Altman en stratège orienté vers la croissance, et Brockman en innovateur prêt à prendre des décisions audacieuses. Cependant, en l’absence de Brockman, Altman a consolidé son pouvoir et prouvé qu’il pouvait gérer l’entreprise de manière efficace. Mais le retour de Brockman pourrait créer des frictions.
L’Équilibre Fragile du Leadership à Deux Têtes
Avec la consolidation du pouvoir d’Altman et la vague de départs parmi les cadres techniques, la cohabitation pourrait vite tourner au bras de fer. Altman, qui a su séduire des investisseurs majeurs comme Microsoft et Nvidia, a maintenant imposé sa vision. Brockman, lui, revient avec ses propres idées, souvent audacieuses et peu conventionnelles. La question est de savoir s’ils parviendront à cohabiter dans cette structure élargie, ou si l’entreprise sera bientôt confrontée à une lutte de pouvoir ouverte.
Chez OpenAI, chaque décision et chaque stratégie influent sur le moral des équipes. Sans une vision commune et une confiance réciproque entre les deux leaders, les innovations risquent de se heurter aux limites de leur propre organisation.
OpenAI : un Colosse aux Pieds d’Argile ?
Si OpenAI est aujourd’hui une référence mondiale, l’entreprise connaît aussi une croissance fulgurante, passant de quelques dizaines d’employés à des milliers. Mais avec cette expansion rapide vient un autre défi : maintenir une culture d’entreprise forte et cohérente. Carl Bass, ancien CEO d’Autodesk, a souligné l’importance d’un North Star, une boussole stratégique claire qui permet à tous de comprendre l’objectif commun.
Des Salaires pour Attirer, mais à quel Prix ?
OpenAI, face à une concurrence accrue, a mis en place des rémunérations impressionnantes pour fidéliser ses talents, certains ingénieurs touchant jusqu’à 900,000 dollars par an. Ces salaires, rares dans l’industrie, reflètent l’importance accordée à la rétention des talents, mais posent aussi des questions sur la viabilité d’un tel modèle. OpenAI parvient à attirer des profils de haut niveau, mais cette stratégie de rétention par le salaire peut devenir difficilement soutenable dans un environnement en constante évolution.