Les États-Unis, ce faux-ami...
Pourquoi notre grille de lecture européenne de l'Amérique nous mène dans l'impasse...
Après quinze années passées sur le sol américain, dont dix consacrées à déconstruire méthodiquement mes préjugés français, je me risque aujourd'hui à partager une réflexion au vu des réactions que je lis partout suite aux premières gesticulations de l'administration Trump. La fièvre qui s'est emparée des réseaux sociaux européens depuis son discours d'investiture me pousse à prendre la plume, même si ce n'est pas sans une certaine appréhension que j'aborde ce sujet.
L’heure est grave, certes. Le retour de Trump au pouvoir, avec son approche “America First”, soulève des inquiétudes légitimes en Europe, notamment concernant les relations commerciales et les alliances stratégiques . Mais c’est précisément dans ces moments de tension qu’il devient crucial de prendre du recul et de réfléchir à la nature profonde de nos relations transatlantiques.
Naviguant quotidiennement entre ces deux cultures, je continue de découvrir de nouvelles nuances qui échappent souvent aux observateurs, même les plus avertis. C'est précisément cette complexité, cette richesse de différences subtiles mais fondamentales, qui rend si difficile toute tentative d'analyse simpliste des relations franco-américaines. Et c'est peut-être aujourd'hui, alors que les réseaux sociaux s'enflamment et que les éditorialistes européens rivalisent d'indignation, qu'il devient le plus urgent de comprendre ces nuances.
Les racines de l'incompréhension
Nous avons grandi bercés par le soft power américain, au point d'en avoir intégré les codes superficiels sans en comprendre les fondements. Nous fredonnons leurs chansons, citons leurs films, utilisons leurs expressions, partageons leurs modes vestimentaires. Cette apparente proximité culturelle crée l'illusion d'une compréhension profonde qui, en réalité, n'existe pas.
Cette expérience n'est pas nouvelle. Le sociologue américain Seymour Martin Lipset, dans son ouvrage fondateur "American Exceptionalism: A Double-Edged Sword", soulignait déjà cette illusion de compréhension mutuelle entre Européens et Américains. Il y démontrait comment des concepts apparemment identiques - liberté, égalité, démocratie - revêtent des significations profondément différentes de part et d'autre de l'Atlantique. Ce qui était vrai en 1996 lors de la publication de son livre n'a fait que s'amplifier avec l'avènement des réseaux sociaux, qui créent un sentiment trompeur de proximité culturelle tout en masquant les différences fondamentales de nos sociétés.
Un exemple frappant de ce malentendu culturel se joue actuellement sous nos yeux : la réaction européenne au discours d'investiture de Trump. Là où nous avons entendu un discours brutal, populiste et potentiellement fascisant, une grande partie de l'électorat américain a perçu un message de renouveau qui s'inscrit parfaitement dans leur tradition politique. Cette divergence d'interprétation ne tient pas à une différence de valeurs morales - les Américains ne sont ni plus violents ni moins démocrates que nous - mais à une différence fondamentale dans la lecture des codes politiques.
Quand Trump déclare “Make America Great Again”, nous y voyons une dangereuse régression nationaliste. Pour beaucoup d’Américains, cette formule évoque la reconquête d’une prospérité perdue, un retour aux fondamentaux d’une nation qui s’est toujours définie par sa capacité à se réinventer.
Cette incompréhension s’étend naturellement à la sphère politique, où elle devient particulièrement problématique. Les déclarations de Trump nous choquent, nous inquiètent. Nous comprenons les mots qu’il emploie, mais nous commettons l’erreur fondamentale d’analyser ses discours à travers notre prisme culturel européen en se concentrant sur l’émetteur sans comprendre le récepteur.
Quand Trump déclare vouloir construire un mur à la frontière mexicaine, nous y voyons immédiatement une manifestation de racisme et de xénophobie. Sans nier ces aspects, nous manquons une dimension essentielle : pour une grande partie de l'électorat américain, cette proposition résonne avec une tradition historique de "frontière" qui est constitutive de l'identité nationale. La "frontier thesis" de Frederick Jackson Turner, qui lie l'exceptionnalisme américain à l'expansion vers l'Ouest, reste profondément ancrée dans l'inconscient collectif américain.
De même, lorsque Trump critique les régulations gouvernementales, nous y voyons une dangereuse dérive libertarienne. Mais pour beaucoup d’Américains, cette position s’inscrit dans une longue tradition de méfiance envers le pouvoir central, héritée des Pères fondateurs et cristallisée dans le Premier Amendement.
Cette divergence de perception trouve ses racines dans l'histoire même de nos deux nations. La France s'est construite sur un modèle centralisateur, héritier de la monarchie absolue et renforcé par la Révolution française. L'État y est perçu comme le garant de l'intérêt général, le protecteur des citoyens. La République, une est indivisible. Les États-Unis, eux, sont nés d'une rébellion contre l'autorité centrale, et leur système politique reflète cette méfiance originelle.
Les valeurs fondamentales américaines - individualisme, méfiance envers l'État central, primauté du marché, conviction d'une destinée manifeste - ne sont pas de simples options politiques. Elles constituent le socle même de l'identité nationale américaine, transcendant les clivages partisans traditionnels. Aux Etats-Unis, il ne s'agit pas simplement de valoriser l'initiative personnelle, mais de considérer l'individu comme l'unité de base de la société, avant même la famille ou la communauté. Cette conception influence profondément le rapport aux droits individuels, à la réussite personnelle, à la responsabilité sociale.
Le rapport à la religion illustre aussi cette différence.
La France, pays de la laïcité, a progressivement relégué le religieux à la sphère privée. Les États-Unis, fondés en partie par des dissidents religieux, ont fait de la liberté de culte un pilier de leur identité nationale. Quand un politique américain s’adresse aux évangélistes et termine son discours par "God bless America", nous y voyons une concession au conservatisme religieux. Pour les Américains, c'est une formule rituelle qui transcende les clivages politiques.
Le malentendu franco-américain
Mais notre erreur la plus profonde réside peut-être dans notre désir de voir en les Américains nos "meilleurs amis", alors qu'eux ne nous considèrent que comme des alliés. Cette distinction n'est pas sémantique, elle est fondamentale.
L'amitié, dans la conception française, implique une forme de fusion des esprits, un partage profond des valeurs et des visions du monde. C'est Lafayette déclarant "Mon cœur est américain". L'alliance, dans la conception américaine, est plus pragmatique : c'est un arrangement mutuellement bénéfique, basé sur des intérêts communs à un moment donné.
Cette différence de perception explique nombre de nos déceptions. Quand les États-Unis agissent en fonction de leurs seuls intérêts, nous y voyons une trahison de l'amitié. Eux considèrent simplement qu'ils respectent les termes d'une alliance qui n'a jamais prétendu être autre chose.
Dans le contexte géopolitique actuel, cette incompréhension mutuelle prend une dimension particulièrement critique. Le retour de Trump sur la scène politique américaine n'est pas une anomalie historique, mais plutôt un retour aux fondamentaux de la politique étrangère américaine.
La présidence Biden aura représenté une parenthèse fascinante, presque une illusion d'optique à l'échelle géopolitique.
Joe Biden incarnait, par sa personne même, une Amérique que nous voulions voir, que nous espérions peut-être : sage comme un patriarche européen, marchant d'un pas mesuré, parlant doucement, privilégiant la réflexion à l'action brutale. Son style présidentiel évoquait davantage les couloirs feutrés de Bruxelles que l'agitation perpétuelle de Washington.
Cette ressemblance n'était pas fortuite. Biden, par son âge, son tempérament, et plus encore par ses choix politiques, semblait avoir épousé les valeurs cardinales de la vieille Europe. Son engagement écologique résonnait avec nos préoccupations environnementales. Sa volonté de taxer les grandes fortunes faisait écho à notre conception de la justice sociale. Le choix d'une femme vice-présidente, Kamala Harris, reflétait notre propre cheminement vers la parité en politique. Même son catholicisme affiché, plus proche de la tradition européenne que du protestantisme américain dominant, renforçait cette impression de proximité culturelle.
Plus significatif encore, Biden manifestait une admiration non dissimulée pour le modèle régulatoire européen. Là où ses prédécesseurs voyaient dans Bruxelles une bureaucratie tentaculaire, lui y percevait un laboratoire d'idées pour la gouvernance mondiale et la Tech en particulier. Cette convergence apparente nous a fait croire, l'espace d'un instant, que l'Atlantique s'était rétréci, que nos deux continents avaient enfin trouvé un langage commun.
L’erreur des Européens a été de voir en Biden une réaffirmation de leurs propres valeurs sur la scène mondiale. En réalité, son mandat, bien que teinté de multilatéralisme, reflétait avant tout les contradictions internes des États-Unis. Son échec à mobiliser une base populaire large, notamment sur des dossiers sensibles comme l’avortement, les armes à feu, ou encore la lutte contre les géants de la tech, a laissé place à une vague conservatrice plus en phase avec l’Amérique profonde.
Mais cette parenthèse enchantée touchant à sa fin, nous découvrons que cette ressemblance était peut-être précisément ce qui a coûté l’élection à Kamala Harris. L'Amérique ne se reconnaissait pas dans ce miroir européen qu'il lui tendait. Elle y voyait plutôt le reflet d'une Europe vieillissante, hésitante, trop prompte au compromis. Les valeurs traditionnelles américaines - dynamisme, assertivité, conviction d'une destinée manifeste - se trouvaient comme étouffées sous cette couche de vernis européen.
L’Europe face à ses dilemmes
De ce côté de l’Atlantique, le retour de Trump confronte l’Europe à ses propres ambiguïtés. La dépendance technologique et militaire vis-à-vis des États-Unis n’a jamais été aussi évidente. Dans le domaine de l’intelligence artificielle, par exemple, les géants américains comme OpenAI et Google continuent de dominer, tandis que l’Europe peine à construire une alternative crédible. Ce déséquilibre technologique pose une question fondamentale : comment exister en tant qu’allié, sans devenir vassal ?
La réponse européenne à ces défis reste fragmentée. L’initiative européenne Gaia-X, censée créer une infrastructure cloud souveraine, peine à s’imposer face aux mastodontes américains. Et sur le plan militaire, les divergences internes au sein de l’Union européenne, notamment sur la relation avec l’OTAN, affaiblissent notre capacité à agir de manière indépendante.
Face à cette réalité, notre réponse ne peut se limiter à un simple choix entre résistance stérile et soumission aveugle. L'intelligence de notre position doit résider dans sa subtilité même. Nous devons apprendre à naviguer dans les eaux complexes de la diplomatie américaine avec une compréhension renouvelée de leurs codes culturels, de leurs mécanismes décisionnels, de leurs contradictions internes.
Cette approche exige une transformation profonde de notre corps diplomatique. Nos représentants doivent acquérir une connaissance intime de la société américaine qui dépasse largement le cadre traditionnel des relations internationales. Il ne suffit plus de maîtriser l’anglais ou les dossiers techniques ; il faut comprendre les subtilités du système juridique américain, les arcanes du pouvoir à Washington, les ressorts profonds de leur psyché nationale et adopter leur langage.
Cela commence par l’abandon d’une posture moralisatrice qui a trop souvent caractérisé les relations franco-américaines. Il ne s’agit pas de renoncer à nos valeurs, mais de les traduire dans un langage compréhensible pour nos interlocuteurs. La défense de la souveraineté européenne doit s’accompagner d’un pragmatisme renouvelé, reconnaissant que l’interdépendance transatlantique est un fait, non une faiblesse.
Comme le disait Tocqueville dans De la Démocratie en Amérique, “Les nations démocratiques obéissent à un instinct qui les pousse à considérer la société humaine comme une œuvre perfectible”. Peut-être est-il temps d’appliquer cette idée à nos relations transatlantiques : accepter leurs imperfections, tout en travaillant à les améliorer.
Les choix qui s’offrent à la France
Face à cette nouvelle réalité américaine, trois chemins se dessinent pour la France.
Le mythe de la résistance frontale
Le premier, tentant mais périlleux, serait celui de la résistance frontale. Jouer les Astérix modernes face à l’empire américain pourrait satisfaire notre ego national et nourrir notre tradition contestataire. Les solutions simplistes, défendues par les populistes et l’extrême droite française, consistent à promettre une autarcie idéalisée, à re-nationaliser nos industries ou à imaginer une “France souveraine”, affranchie de toute dépendance aux grandes puissances. Ces discours, séduisants dans leur rhétorique, masquent une réalité bien plus complexe.
Prenons l’exemple de l’idée, avancée par certains, de “taxer massivement les GAFA” pour financer une souveraineté technologique européenne. Si ce type de mesure est légitime sur le principe, croire qu’elle suffirait à compenser des décennies de retard en matière de recherche et développement relève de l’illusion. La France et l’Europe ne peuvent rivaliser avec la puissance des géants américains sans une stratégie commune à long terme et des investissements colossaux – des efforts incompatibles avec une vision autarcique.
De même, les appels à fermer nos frontières économiques, qu’il s’agisse de bloquer l’importation de produits technologiques américains ou de s’isoler des flux commerciaux mondiaux, sont déconnectés des réalités contemporaines. Nous vivons dans une économie interdépendante où l’innovation, la finance et les chaînes d’approvisionnement transcendent les frontières. Prétendre s’en couper reviendrait non seulement à s’appauvrir économiquement, mais aussi à perdre toute influence sur les décisions stratégiques globales.
Enfin, notre dépendance militaire vis-à-vis des États-Unis, notamment à travers l’OTAN, est un autre facteur limitant. Si les discours souverainistes en France s’évertuent à critiquer cette dépendance, ils proposent rarement une alternative crédible. Le parapluie sécuritaire américain est indispensable dans un contexte où l’Europe est confrontée à des menaces croissantes, qu’il s’agisse de la Russie ou d’autres acteurs déstabilisant l’ordre mondial. Se retirer de cette alliance serait un pari risqué, non seulement pour notre sécurité, mais aussi pour notre influence diplomatique.
L’illusion d’une réponse européenne unifiée
La deuxième voie, celle d’une réponse européenne unifiée, semble plus séduisante sur le papier. Mais là encore, les obstacles sont immenses. L’Europe reste divisée sur des questions fondamentales : le rôle de la Chine dans l’économie mondiale, l’attitude à adopter face à la Russie, ou encore la manière de réagir aux pressions américaines sur les marchés stratégiques comme les semi-conducteurs ou les technologies vertes.
Même dans des domaines où l’unité semble possible, comme la défense, les initiatives communes peinent à voir le jour. L’échec relatif de projets comme Galileo ou les atermoiements sur le Fonds européen de défense montrent bien les limites de notre capacité à construire une souveraineté collective. Et pendant que l’Europe se débat avec ses divisions internes, la puissance américaine continue d’exercer une attraction quasi magnétique, que ce soit à travers ses innovations technologiques ou sa domination culturelle.
Dans ce contexte, il est illusoire d’imaginer que l’Europe puisse, à court terme, devenir une puissance capable de rivaliser avec les États-Unis ou la Chine. La fragilité de l’euro face au dollar, notre dépendance énergétique persistante, et l’absence d’une politique étrangère commune nous rappellent chaque jour les limites de notre autonomie stratégique.
La voie de l’adaptation intelligente
Il existe cependant une troisième voie, plus subtile et probablement plus efficace : celle d’une adaptation intelligente. Cette stratégie ne consiste ni en une soumission aveugle à la puissance américaine, ni en un renoncement à nos valeurs. Elle repose sur une compréhension fine des mécanismes de décision américains, une capacité à traduire nos intérêts dans leur langage, et une acceptation lucide de notre rôle d’allié – un rôle qui ne doit pas être confondu avec celui d’un “meilleur ami”.
Cette voie exige avant tout de rompre avec notre tendance à adopter une posture moralisatrice face aux États-Unis. Critiquer la politique américaine est souvent légitime, mais le faire depuis un piédestal européen déconnecté de leurs réalités culturelles et politiques ne peut qu’affaiblir notre position. À l’inverse, adopter un ton pragmatique, ancré dans des intérêts mutuels, permettrait de rééquilibrer nos relations.
Sur le plan économique, cela implique d’investir massivement dans des secteurs stratégiques où l’Europe peut encore jouer un rôle de premier plan, comme l’énergie verte ou les biotechnologies. Cela passe aussi par une meilleure coordination entre États membres pour contrer les effets de mesures protectionnistes comme l’Inflation Reduction Act américain, sans pour autant sombrer dans un isolationnisme inefficace.
Sur le plan diplomatique, il s’agit d’accepter que les États-Unis ne sont pas des partenaires altruistes. Ils défendent leurs intérêts avec une brutalité parfois déconcertante, mais cela ne signifie pas qu’un dialogue constructif soit impossible. L’enjeu pour la France est de jouer un rôle de médiateur au sein de l’Europe, en articulant une réponse collective cohérente face aux défis mondiaux, tout en maintenant des canaux bilatéraux solides avec Washington.
Enfin, cette voie exige une transformation culturelle profonde. Notre élite politique et économique doit mieux comprendre la société américaine, ses dynamiques internes, ses contradictions, mais aussi ses opportunités. Cela passe par une connaissance intime des rouages de Washington, des forces qui façonnent la Silicon Valley, et des mouvements culturels qui redéfinissent les États-Unis. L’objectif : parler leur langage, non pour s’y soumettre, mais pour faire entendre notre voix dans un cadre de respect mutuel.
Vers un nouveau paradigme
L’heure n’est plus aux lamentations sur l’incompréhension transatlantique, mais à l’action lucide et pragmatique. La France doit cesser de projeter ses propres conceptions sur les États-Unis et accepter de les voir tels qu’ils sont : non pas des amis partageant nos valeurs, mais des alliés pragmatiques avec qui nous devons composer dans un monde en constante évolution.
Mais pour cela, il faudra également que la France affronte l’un de ses travers les plus enracinés : sa résistance quasi systématique au changement. Cette tradition nationale, qui nous pousse à percevoir chaque transformation comme une menace plutôt qu’une opportunité, entrave notre capacité à nous adapter à un monde où l’innovation et l’agilité sont les clés de la puissance. Que ce soit dans nos débats internes sur la réforme économique, nos retards en matière de technologies numériques, ou nos crispations face à la globalisation, notre réflexe de s’opposer par principe risque de nous reléguer en marge des grandes évolutions mondiales.
Notre posture contestataire, parfois héritée de notre histoire révolutionnaire, peut être une force lorsqu’elle pousse à questionner l’ordre établi. Mais elle devient une faiblesse lorsqu’elle se transforme en immobilisme face à des transformations inévitables. Nous ne pouvons pas espérer bâtir un futur durable en nous arc-boutant sur une vision idéalisée du passé, qu’il s’agisse de notre souveraineté économique, de notre modèle social ou de notre place dans le monde.
Au contraire, c’est en embrassant le changement avec lucidité, en acceptant les compromis nécessaires, et en réinventant nos atouts à l’aune des nouvelles réalités géopolitiques que nous pourrons nous imposer comme un acteur stratégique et respecté. Cette évolution ne signifie pas un renoncement à nos valeurs ou à notre identité, mais une mise en perspective de celles-ci dans un contexte global.
La partie qui s’engage est délicate, mais elle est aussi une formidable opportunité de réaffirmer notre influence sur la scène mondiale. Cela exige de nous une finesse diplomatique, une intelligence situationnelle, et surtout une capacité à nous transformer de l’intérieur.
Être à la hauteur de ce défi historique ne dépendra pas seulement de nos dirigeants ou de notre diplomatie, mais aussi de notre capacité collective, en tant que nation, à dépasser nos résistances culturelles pour embrasser l’avenir avec ambition, optimisme et détermination.
Vivant (que) plus de 5 ans au Texas, j'adhère totalement à cette vision....mais je ne suis pas optimiste pour l'Europe, et la France en particulier, tant qu'elles restent ancrées dans un complexe de supériorité (intellectuel) face aux USA.
Les récentes et incessantes attaques, caricatures faites de Trump et de Musk (chouette, on a trouvé un second diable) sont le reflet d'une posture de critiques systématiques envers une Amérique qui est dans l'action et qui, par effet miroir, renvoie à l'Europe sa frilosité à agir, empêtrée à faire du sur-place avec des demi-décisions (économiques ou politiques).
Cette capacité d'agir vite des USA fait peur. Il est plus facile de s'en moquer que de se relever les manches et agir aussi.
On dit que les USA innovent et l'Europe régule: on peut dire aussi que les USA agissent et l'Europe critique. En attendant, l'écart de richesse...et donc de puissance continue de se creuser.
J’espère que ce papier sera lu par un maximum d’analystes, éditorialistes et commentateurs en tout genre. Mais aussi par des politiques.
On pourrait te créer sur mesure un poste de ministre ou de commissaire européen en charge des relations avec les États Unis.